ÉDITORIAL

Bienvenue au numèro inaugural de GOVERNMENT INFORMATION IN CANADA/INFORMATION GOUVERNEMENTALE AU CANADA. La rédaction espère que la revue sera pour vous une source utile d'information, d'opinion et de discussion.

Il y a maintenant plus de dix ans depuis que le gouvernement fédéral canadien a adopté la loi sur l'accès à l'information et celle sur la protection des renseignements personnels, législation marquante qui a altéré la manière que le gouvernement opère au Canada, et ce, de façon dorénavant essentiellement irréversible. Des lois similaires sont maintenant en place dans la plupart des provinces et dans plusieurs municipalités également. Le fait que nous prenions désormais grandement pour acquis cette législation et celui d'avoir incorporé l'accès aux opérations gouvernementales quotidiennes dans des juridictions où de telles lois sont en vigeur, indiquent la mesure du succès de cette législation.

Au même moment, il y a eu un changement majeur au Canada, ainsi que dans les autres nations occidentales, dans la perception qu'a le public quant au rôle de l'État. On en est venu à percevoir le gouvernement comme gaspilleur et inefficace. Il est plus souvent vu comme la source de nos maux économique et sociaux que comme un puits de solutions. Les politiciens et les fonctionnaires, ayant à faire face à des coffres vides et à un ensemble de citoyens agités, s'efforcent de faire des réductions, de devenir moins bureaucratique, plus orientés vers le service, plus efficaces en affaires.

Dans ce climat, il n'y a rien d'étonnant à ce que les gouvernements en soient venus à considérer l'information sous leur contrôle comme un avoir commercial : on encourage des agences à vendre de l'information à valeur marchande (qui est en général moins qu'elles ne l'imaginent), à tenter de rentrer dans leurs frais (toujours un exercice décevant) et à établir des associations avec l'industrie. Les nouvelles technologies d'information, lorsqu'on les ajoute à ce mélange, pourront augmenter ou diminuer l'accès du public à l'information, selon la façon qu'elles seront mises en application.

Les décideurs, qui sont à la recherche d'un compromis entre des choix qui ne sont pas tout à fait compatibles, n'ignorent guère les paradoxes de la situation présente.

Pendant ce temps, les bibliothèques, l'industrie de l'information et des groupes représentant des utilisateurs tels que des avocats, journalistes, consommateurs, universitaires ont poursuivi leurs intérêts distincts. Par le passé, de tels groupes parlaient avec ceux de leur rang et avec le gouvernement mais rarement avec d'autres groupes ou organisations. Cela a changé en 1992 avec le Sommet national sur une politique en matière d'information. Le Sommet, de soi, n'a produit que peu en fait de résultats directs. Mais pour la première fois au Canada, un vaste éventail de gens et de groupes qui s'intéressaient à l'information gouvernementale (ainsi qu'à d'autres sujets se classant sous la politique en matière d'information) se sont assis ensemble et ont échangé leurs points de vue. Le Sommet a laissé ses fruits, directement ou indirectement, dans les coalitions nées d'intérêts communs : la "Coalition for Public Information", la "Campaign for Open Government" et d'autres.

Le changement a été spectaculaire : là où avant il y avait des discussions bilatérales entre le gouvernement et des groupes individuel, il y a maintenant une atmosphère multilatérale bourdonnante, pendant que les joueurs forment des alliances, changent de position et, généralement, jouent des coudes. Un tel changement pourrait représenter une perte de pouvoir et une crise de légitimité pour le gouvernement. D'une perspective plus positive, l'atmosphère multilatérale encourage les joueurs à prendre la responsabilité de trouver un terrain commun plutôt que de laisser ce travail à ceux qui font les politiques. Il reste à voir si les participants aux débats actuels ont la maturité politique pour le faire ou si en vérité un compromis peut être suffisamment visionnaire. Dans un récent profil dans The New Yorker, les commentaires du chef de média John Malone indiquent qu'à l'avenir les relations d'affaires vont devenir plus compliquées : "En fait, chaque personne qui ne fera pas partie de votre équipe ou de votre compagnie sera à la fois un ami et un concurrent."1 On peut peut-être dire la même chose à propos de la question de l'information gouvernementale, alors que le gouvernement, les utilisateurs, l'industrie de l'information et les bibliothécaires forment une panoplie d'alliances qui se basent sur un ensemble sans cesse changeant de questions et d'objectifs.

GOVERNMENT INFORMATION IN CANADA/INFORMATION GOUVERNEMENTALE AU CANADA a l'intention de contribuer à ces discussions et de fournir un forum où tous les secteurs et tous les points de vue peuvent être représenté s. Nous invitons tous ceux et celles qui s'intéressent à ce sujet à nous faire parvenir leurs articles. Il y a de l'espace pour toute une gamme d'articles, à la fois en ce qui touche à la forme et au contenu, y compris ceux qui expriment une opinion aussi bien que ceux qui n'offrent strictement que de l'information.

La revue GOUVERNMENT INFORMATION IN CANADA/INFORMATION GOUVERNEMENTALE AU CANADA sera publiée à tous les trois mois en format électronique. Pourquoi avons-nous choisi ce dernier? En deux mots, c'est que la revue ne serait pas possible autrement. La publication électronique rend une importante partie du travail (et des frais) d'une revue, en particulier l'impression et la distribution, essentiellement insignificante. Il est peu probable que le marché canadien puisse supporter, sur ce sujet, une revue conventionnelle complète fonctionnant à plein régime, imprimée sur papier. De plus, il n'est pas clair qui pourrait publier une telle revue. Traditionnellement, des associations de spécialistes et d'universitaires ont commandité la publication de revues, mais où se trouve l'association qui couvre l'étendue des secteurs dont nous invitons la participation? Comme alternative, un tel projet pourrait être entrepris par le secteur privé, bien que cela soit l'indication (et la confirmation de l'énoncé ci-dessus) qu'aucune compagnie n'a regardé le marché et senti qu'il valait la peine d'exploiter cette idée. Il est peut-être approprié pour le monde de l'information électronique de plus en plus incertain et amorphe que ce journal ne puisse tirer légitimité de ses affiliations mais qu'il dépende strictement de la qualité de son contenu et de son intégrité en tout ce qui touche au processus de rédaction.

Nous sommes fortement engagés à accueillir favorablement la plus grande gamme d'opinions. D'autres aspects pourront s'offrir à titre d'essai. Nous désirons encourager les lettres et les réponses aux articles aussi bien que l'envoi d'articles originaux. Il se peut que la fréquence de la parution de la revue soit remise en question et cela dépendra en partie du volume et de l'à-propos du matériel accepté pour la publication. GOVERNMENT INFORMATION IN CANADA/INFORMATION GOUVERNEMENTALE AU CANADA n'est pas une revue dont les pairs font la critique, toutefois, tous les articles présentés pour la publication seront revus par la rédaction. Nous invitons vos commentaires et vos conseils que vous pouvez faire parvenir au rédacteur en chef ou à l'un des membres de la rédaction.

Finalement, je dé sire remercier l'université de la Saskatchewan pour son appui en ce qui a trait à ce projet ainsi que Rose Rode pour son aide technique.

Le ré dacteur en chef,

Andrew Hubbertz